ENTRÉE XXXIX (39)
27-12-2015
Apprivoiser CACAHUÈTE!
Il me semble que cela fait
longtemps que je ne vous ai pas parlé de CACAHUÈTE. Pour celles et ceux qui
souffrent de pertes de mémoire ou qui sont de nouveaux lecteurs qui n’ont pas
lu les ENTRÉES précédentes, CACAHUÈTE est mon sac de colostomie.
Si vous vous souvenez, j’avais
déclaré au moment de mon réveil après la chirurgie que JAMAIS je ne pourrai m’occuper
moi-même de sa vidange ou de son changement. D’ailleurs, lors de mon
hospitalisation les infirmières avaient beau m’inviter à m’impliquer dans les soins
de ma stomie, mais je refusais. J’avais, avant mon départ de l’hôpital, réussis
à vidanger mon sac, mais sans plus. Une fois à la maison, j’allais au CLSC tous
les quatre jours pour le remplacement du sac et de la collerette,
Faut savoir que la colostomie
consiste à dérouter le colon du rectum pour le faire sortir sur le ventre, ce
que l’on appelle la stomie. Par-dessus la stomie on place une collerette qui
devient le point d’ancrage pour recevoir le sac qui lui est le réceptacle des
selles. Le sac doit être vidangé régulièrement vous l’aurez compris et la collerette
changée aux sept jours maximum. Le but de cette intervention est de laisser
reposer la partie du côlon qui a été coupée. Certaines stomies sont permanentes
mais la mienne est temporaire.
Donc je reviens à mon « incapacité
présumée » de m’occuper moi-même de CACAHUÈTE. Une fois à la maison j’ai
maîtrisé l’art du vidangeage. Je me suis donné les outils nécessaires et avec
Nycole nous avons adaptés la salle de bain pour recevoir le matériel
nécessaire. Grâce à la patience des infirmières du CLSC qui ont su accueillir
mon refus de m’en occuper moi-même, qui ont su attendre patiemment que je
demande d’apprendre comment faire « après tout je ne peux passer ma vie à
venir ici aux quatre jours. » Cette patience de leur part m’a donné la
liberté d’apprivoiser chacune des étapes au moment où je me sentais prêt.
Je suis fier de dire qu’aujourd’hui
je suis pleinement autonome avec CACAHUÈTE. Je vais au CLSC au quinze jours
seulement. Comme je dois y aller pour
faire enlever mon porte-au-cath de CHIMIVIE suite à mes traitements, les
infirmières en profitent pour regarder si tout est beau avec ma stomie et pour « brûler’
les bourgeons qui sont encore présents. Cela me rassure que tout est beau et
que je continue de bien faire le changement de colerette. Sinon je suis
pleinement autonome. J’ai appris à faire la vidange de façon efficace et à
changer le sac rapidement et proprement. J’ai même deux sortes de sac avec lesquelles
je peux alterner selon les situations et mes besoins : le sac à vidanger
et le sac jetable ne nécessitant aucune vidange. Au sept jours, je change moi-même
ma collerette qui est quand même plus exigeant techniquement. Il faut décoller la
vieille collerette de la peau, bien nettoyer la peau avec un produit
dissolvant, examiner la peau, chauffer la nouvelle collerette et la placer sur
la stomie de façon à bien la couvrir pour éviter toute fuite. Ensuite, on y
ajoute le sac neuf. Pendant cette opération, et avant de placer la collerette, on
en profite pour prendre une douche pour laisser la peau bien s’aérer et se
nettoyer. C’est un sentiment agréable de liberté et de normalité, malgré la
stomie.
Pourquoi je parle de tout ceci.
Deux raisons. Pour encourager les personnes qui sont face à leurs premières
armes avec une stomie ou qui seront opérées bientôt. Mais surtout pour m’émerveiller
avec vous de la grande capacité d’adaptation de l’être humain. D’un refus total
de m’en occuper ou même d’y faire face, je suis devenu pleinement autonome et à
l’aise avec cette nouvelle réalité de ma stomie et de CACAHUÈTE!
Détrompez-vous si vous pensé que
c’est du tout cuit. Non je suis encore mal à l’aise avec CACAHUÈTE car parfois
les odeurs me gênent et les bruits de gaz que je ne peux contrôler, etc… Mais
sinon je suis rendu adapté à cette nouvelle réalité.
En conclusion, si vous avez un
défi particulier à relever, dites-vous que vous êtes capables de le faire. Que
ce soit changer un comportement qui vous nuit, s’adapter à un défi physique ou
moral, reprendre votre autonomie sur une situation donnée, VOUS êtes CAPABLES d’y
arriver. Si moi j’ai été capable de prendre charge de CACAHUÈTE. vous êtes capables
d’accomplir tout ce que vous voulez.
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