jeudi 3 décembre 2015

Entrée XIII - Solidarité



ENTRÉE XIII

SOLIDARITÉ
02-12-2015

L’arrivée d’ARNOLD me fait vivre une vivante et réelle expérience de solidarité. Une solidarité qui vient de bien des sources. Dès mon hospitalisation pour la chirurgie j’ai été entouré sans arrêt de présences, d’amour, de pensées positives et de prières.

J’aimerais prendre cette occasion pour remercier toutes les personnes qui prennent la peine de m’offrir leur solidarité.

On parle souvent de solidarité, mais d’en faire l’expérience aussi fortement me touche et me bouleverse beaucoup. Pour moi, dans ma foi, la solidarité est un des lieux de révélation de la présence de Dieu. Et donc, ce qui m’est démontré depuis le début de cette épisode me touche profondément dans ma conviction d’un Dieu présent au cœur de la souffrance humaine, et non d’un Dieu qui cause la souffrance. Vous m’aidez, chacun et chacune à votre façon, à rester bien branché sur ce Dieu Présence et Amour auquel je crois tellement.

Je dis me bouleverse parce que je suis une personne assez privée quand il est question de ma santé. Donc cette ouverture sur la place public de mon état de santé (même si je garde certains détails pour moi parfois) me demande beaucoup de dépassement. Mais sans ce dépassement je n’aurais pu faire cette expérience humaine et divine extraordinaire de solidarité. C’est un choix que j’ai fait, en toute conscience, sachant qu’il porterait des fruits, mais sans jamais pensé qu’ils seraient aussi abondants.

J’ai reçu des pensées et des mots d’encouragement d’un tas de gens. Plusieurs que je ne connais même pas ou si peu. Mais des mots extraordinaires. Certaines fois je les lis en me demandant de qui il est question. Je ne me reconnais pas. J’ai reçu des accolades incroyables de personnes avec qui j’avais choisi de garder une distance pour me protéger de blessures passées,  croyant que je n’étais pas important à leurs yeux. Une ancienne étudiante sollicite les prières de toute une communauté religieuse, en fait, quelques communautés prient pour moi.

Les proches mettent leur solidarité en action en plus des paroles. Présence au rendez-vous médicaux ou à la maison, contact réguliers, vidéo d’encouragement. Les enfants sont extraordinaires de soutien et d’accueil de ma vérité malgré leur propre peine et appréhensions. Toujours prêts à m'aider: faire des commissions, faire le repas, m'écouter, aller me chercher ce dont j'ai besoin, me prêter leur gants pour le froid du frigo ou congélateur (hihihi) et en même temps savoir garder leur distance et respecter mon besoin de me reposer ou simplement d'être seul. Aujourd’hui, des amis sont venus dîner avec moi en apportant le dîner pour ne pas que je me fatigue trop", et ce ne sont pas des paroles en l'air car je l'ai déjà fait surtout quand j'étais angoissé à l'hôpital. C'est tout cela la solidarité. Solidarité de proximité ou de distance, c'est efficace et me soutient énormément. (Toute ces présences, même malgré moi. C'est tout un apprivoisement que d'accepter que d'autres acceptent ou même offre de se "dérangent" pour moi). Comme m'a répondu une de mes filles à qui je disais que je voulais  qu'elle continue de vivre sa vie, de ne pas laisser ma maladie gâcher sa vie: " Mais c'est ça ma vie en ce moment. Tu es malade et cela fait partie de ma vie, nous sommes tous et toutes en attente avec toi de ce qui s'en vient et tous prêts à VIVRE cela avec toi. Il n'y a pas d'autre vie en ce moment."

Je ne veux pas passer sous silence l’incommensurable soutien de Nycole ma partenaire de toujours. J’ai souvent affirmé, avec conviction, que l’amour de Nycole m’apprend au quotidien la Présence du Dieu aimant. Malgré sa propre peine et ses inquiétudes à mon égard et sûrement au sien,  elle demeure inébranlable dans son soutien et le soutien de notre famille. C’est un cadeau de la vie! Que voulez-vous, ma maladie lui impose toute sorte de changement et d'adaptation parfois banales comme trouver de la place pour mettre tous mes produits de vieux cancéreux. Mais plus exigeant comme devoir adapter notre intimité (censuré ici), adapter notre quotidien selon mon état de fatigue. perturber son travail pour certains des rendez-vous cruciaux avec les médecins. Quand on connait la rigueur de Nycole au travail c'est un gros effort et dérangement. Aussi  quand on connaît son grand inconfort avec le milieu hospitalier, je sais le dépassement que cela lui demande. À travers tout cela elle demeure inébranlable d'amour.

La dernière fois que j’ai vécu une telle solidarité fut quand j’ai parti avec un groupe, le projet d’ouvrir une maison pour personnes atteintes du sida en phase terminale. La maison Sainte Famille. Là aussi Dieu fut révélé au travers des actions incroyables de solidarité et d’accueil de cette réalité souffrante. Elle fut ouverte le jour de mon cinquième anniversaire d’ordination, en la fête de la Visitation. Nycole quand elle parle de ce projet dira: "J'ai été veuve pendant trois ans (le temps que cela a pris pour l'ouvrir). Et pourtant la veille de son ouverture elle est venu avec moi et les Brodeurs pour faire le dernier ménage avant l'ouverture officielle. Des dizaines et dizaines de personnes y ont travaillé pour une valeur de plus de 120,000$ en matériaux et temps d'ouvriers et de professionnels et combien encore en préparation, planification et sollicitation de toutes sortes..Un des grands moments de ma vie.

Bon bon assez de nostalgie je reviens au présent. Évidemment on pourrait réagir à toute cette belle solidarité et toutes ces belles paroles  comme un de me patients, et moi aussi au début je m’en confesse, en disant il faut que je sois mourant pour entendre toutes ces belles choses. Recevoir tout cet amour. Soit SI c’est le cas (peut-être ne savais-je pas les entendre avant.) Mais je préfère, maintenant que j’ai un peu  apprivoisé cette abondance d’amour, la recevoir comme un beau cadeau et une arme de plus dans mon attirail contre ARNOLD.

Rester dans le moment présent, quoique difficile, demeure une priorité pour moi. Le temps est trop précieux. Et du temps j’en veux au maximum. Voir la chanson d'Angèle Arseneault avec laquelle je me suis  réveillé ce matin:
Je veux toute toute toute la vivre ma vie
Je ne veux pas l'emprisonner
J'la veux toute toute toute, pas juste des p'tits boutt's
Je veux toute toute toute la vivre ma vie.

Je vous aime vous qui prenez le temps de me lire et de me faire vos commentaires. Vous qui formé ma communauté spirituelle de solidarité. Vous faites partie de mon armée contre ARNOLD.  Que Dieu vous bénisse!

p.s.: Mon fils me faisait remarquer, non négativement,  que mes entrées devenaient de plus en plus long.  J'espère ne pas vous ennuyer. Mon urgence de vivre, de dire, d'identifier, de partager, de comprendre transparaît. Aussi il est possible que sous peu, à cause des neuropathies, je doive cesser le blog par moment, alors j'en profite pendant que je suis encore capable de taper le clavier. Ou comme disait mon ami Stéfan je devrai dicter, Imaginer la longueur des textes en tel cas. Hahaha.

6 commentaires:

  1. "Open up your heart and let the sunshine in". I so admire the manner in which you are able to just open up your heart..........I truly see how rewarding for you this can be.

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  2. Merci Barbara pour ce beau commentaire ... le coeur (profond) est le lieu de résidence de Dieu alors j'essaie de m'y retrouver souvent. Je ne réussis pas toujours mais les circonstances font que j'en ai encore plus besoin qu'à l'habitude..

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  3. Une phrase simple mais que l'on déteste (et par raison!) quand l'on vie une épreuve difficile est: on récolte ce que l'on sème. Mais cette phrase peu faire beaucoup de sens, si l'on considère l'amour que tu partage et repens depuis des années. Cette vague d'amour et de solidarité qui déferle sur toi n'est que le reflet de ce que tu as donné. Tu as bâti avec Nycole une grande famille d'une richesse inestimable, accueilli, écouter, guider, aider de nombreuX amis, patients, proches et parfois sans doute de simple étranger....Qu'il est tout naturel d'être là avec toi, que ce soit pas des pensés, des prières, des mots d'encouragement et des actioms concrête.

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    1. C'est très gentil Émilie de me partager ces belles paroles. J'imagine que tu as raison que je récolte ce que j'ai semé. Merci de me le rappeler.

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  4. Le fait d'être là dans l'adversité est tout naturelle chez nous et ne demande aucun effort...en tout cas pour ma part. Ton désire de vaincre, de vivre, nous interpelle et nous donne espoir de pouvoir garder Papa encore bien longtemps à nos côté.

    C'est une autre épreuve de la vie et je serai toujours présent à tes côtés peu importe ce qui se passe. Te connaissant, tu sauras la surmonter et nous saurons la surmonter avec toi!!

    Je t'aime -xox-

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    1. Merci Christopher pour ces belles paroles et ton soutien. C'est très apprécié. Moi aussi je t'aime xxxx.

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