mardi 8 décembre 2015

Entrée XIX - Pleurer



ENTRÉE XIX
07-12-2015

Pleurer!

« Pleurer demande du courage. » Cette phrase je l’ai répété maintes fois dans ma carrière aux patients et patientes qui s’excusaient de pleurer durant ma visite auprès d’eux. Je crois qu’en effet les larmes, l’acte de pleurer, procure une libération importante tant sur le plan physiologique que psychologique. J’ai toujours encouragé mes patients à exprimer leur peine, leur inquiétude, leur souffrance, leur déception par leur larmes quand c’était pertinent pour eux.

Ma clientèle en accompagnement privé est encouragée à se permettre, dans la discrétion de mon cabinet, un temps pour exprimer les émotions qu’elle ressent. Souvent cette expression passe par les larmes. Et c’est bien ainsi.

C’est drôle que je n’ai aucun problème à accueillir les larmes des autres Les miennes c’est une autre question semble-t-il. Qu’en est-il? Un surcroît de machisme? Un double standard? Un relent de toute puissance? Je suis intrigué ce matin, car les larmes sont venues abondantes cette nuit et ce matin. Elles m’ont permis de laisser sortir mes craintes et ma vulnérabilité face à la douleur, que je vis. Mes larmes, que j’accueille presqu’avec mépris parfois, je me trouve moumoune, sont importantes comme vecteur de ce qui se passe en moi. Il est important que je les exprime, que je les laisse sortir. Comme il est important qu’elles soient accueillies et acceptées pour ce qu’elles sont.

Je reconnais que pour certaines personnes il est déroutant de voir pleurer une autre personne. On peut la penser déprimée, faible, démunie, ébranlée, etc… On peut penser qu’elle est incapable de faire face à ce qui lui arrive et il faut absolument la « remonter ». Cela peut générer des réactions de banalisation, d’exagération, de rejet ou de renforcement Je crois que c’est ce qui m’habite quand mes larmes viennent. J’ai besoin que l’on accueille mon émotion, mais pas qu’on y mette une étiquette. Les larmes peuvent exprimer bien des choses, plusieurs niveaux d’émotions.

Je n’ai pas de problème à pleurer, mais j’ai un problème que l’on puisse juger mes larmes d’une façon négative et les rejeter. La force de l’être humain ne se définit pas nécessairement par son stoïcisme, mais par sa capacité d’accueillir les émotions qui l’habitent incluant ses larmes.

Pleurer demande du courage, Je le crois et l’ai répété plusieurs fois. Il ne me reste maintenant que de ma l’appliquer et me permettre d’être aussi accueillant de mes larmes que de celles des autres.

La vulnérabilité qui cause mes larmes est porteuse de mon inquiétude. Ni l'infirmière pivot, ni la pharmacienne peuvent m'expliquer cette douleur. "L'avastin peut causer une perforation de l'intestin (sic), mais si c'était cela vous seriez beaucoup plus malade!" Ah bon heureusement que je ne suis pas plus malade. " Vous n'avez pas d'autres symptômes, fièvre, nausées, vomissements, cela ne doit pas être grave."  Ne DOIT pas être grave. Chaque mot, chaque intonation prend une toute autre importance. 'Sinon allez à l'urgence." Ben oui, immunodéprimé et je vais aller dans la piscine à microbes... je ne crois pas! Que faire? Évidemment je deviens paralysé. Je me fie sur l'équipe de soins et sans elle je me sens démuni. Quand elle me dit qu'elle ne sait pas, cela m'inquiète, surtout du fait que la douleur en question demeure présente, même si moins forte. Je devrai me résigner probablement à consulter l'urgence de mon hôpital. Je ne peux qu'espérer que si je consulte, on ne me fasse pas attendre dans le bain de bactéries.

J'ai dormi toute la soirée au salon et me suis couché (sic) et dormi jusqu'à quatre heures. Pas pire pantoute. CHIMIVIE fait son travail et ARNOLD n'a qu'à se tenir.

En terminant, j’ajoute que j’ai eu une bonne journée aujourd’hui malgré tout. Les larmes peuvent aussi être le résultat de la fatigue causée par CHIMIVIE et la fatigue causée par la douleur. Lorsque cette dernière diminue, le soleil reprend sa place dans le ciel! Arrête de brailler le gros …..

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