mardi 26 avril 2016

ENTRÉE CXXXIII (133) - MELIMELO



ENTRÉE CXXXIII (133)
16-04-2016
MELIMELO

 Tu veux revenir sur l’entrée d’hier soir?

Tu m’as demandé comment je me sentais et je suis resté avec un point d’interrogation suite à ma réponse. Il restait un sentiment que je n’arrivais pas à identifier. J’ai répondu que je me sentais déçu et que j’avais peur. Ce que je n’avais pas identifié c’est que je me sentais déçu avec moi-même. Déçu est probablement pas la bonne étiquette. Mais depuis le début de mon traitement je dis que mon objectif est de faire les douze traitements sans changer le dosage. Je dois arrêter à neuf et je suis déçu en moi-même de ne pas avoir tenu le coup. Oui oui je sais que ce n’est pas ma faute, mon corps dicte le traitement, mais je n’atteint quand même pas mon objectif. Déception, colère, tristesse, autre? Je n’ai pas encore la bonne étiquette, mais je reconnais que je me sens coupable de ne pas y arriver. Et responsable des conséquences.

Comment a été ton traitement aujourd’hui?

Bien à ma grande surprise mon traitement n’est pas plus court. La durée est de 2h30 quand même. Moi qui avait compris qu’en enlevant l’oxaliplatin je sauvais deux heures. Ben non! On a ajouté un autre médicament qui prend le même temps. Ce médicament, dont je ne peux me souvenir du nom, a pour objectif de potentialiser le 5FU que je porte pendant deux jours et le rendre plus efficace. Le traitement a bien été et je ne ressens aucun effet secondaire à date. On verra vendredi. L’infirmière a trouvé que Siméon et moi riions beaucoup. J’ai dû  lui expliquer que mes enfants me produisaient une vidéo pour chacun de mes traitements. Elle n’en revenait pas. Comme moi d’ailleurs. Aujourd’hui j’ai eu droit aux bloopers de la dernière vidéo. Très drôle. Et que dire du montage que fait Zachary. C’est du beau et bon travail de groupe. Je suis vraiment fier d’eux.

Ce matin en faisant ton tapis roulant tu as lu quelques pages de REVIVRE COMME LAZARE, qu’en retiens-tu?

C’est un chapitre dense de sens. Il y a plusieurs choses que je pourrais écrire, plusieurs phrases que je pourrais citer. Mais celle-ci m’a touché particulièrement. «  Quand une personne n’existe pas dans sa différence et son unicité, l’autre, qu’il soit humain ou divin, ne peut exister en face d’elle. » Je cherche à articuler adéquatement ma réaction à ce passage, mais je trouve difficile de le faire. Il me rejoint au plus profond de mon être et explique en partie, je pense, ma difficulté de vivre en société, mon côté un peu antisocial et solitaire. Quand j’étais plus jeune, ma différence, mon unicité n’ont pas été reconnues. Je me sentais toujours à part des autres, différents des autres. Je tentais de me faire accepter en taisant ma vraie nature, par exemple mon côté artistique, mon côté un peu bohème, ma nature nomade etc… Cela m’a pris beaucoup de temps avant de faire face à tout cela et reprendre le cours de ma vie du mieux que j’ai pu. Alors voilà cette phrase m’a remis en contact avec cette partie de mon histoire.

Marc je te trouve courageux de faire face à toutes ces dimensions de ta vie et ta vérité, cela doit faire mal?

Non pas mal. Je dirais que c’est comme une cicatrice que tu touches. Elle ne te fait pas mal, mais elle te rappelle la blessure. J’ai fait, je pense, la paix avec mon histoire. Les cicatrices demeurent cependant.  Ce qui me peine le plus c’est la difficulté que j’ai à reprendre ma vraie nature, me faire confiance, quitter la sécurité de la persona que j’ai créé. J’aimerais pouvoir faire plus confiance aux autres. Oh j’ai réussi dans les dernières dix années à faire du chemin là-dedans et, honnêtement, j’en suis très fier. Mais il reste donc beaucoup de chemin à parcourir pour que le vrai Marc naisse pleinement. Aurai-je le temps? Aurai-je le temps de finalement faire taire la parole et écouter le silence, l’écho de qui je suis, de qui Dieu souhaite que je sois?

Oh là je crois que tu dramatises un peu. Dieu est sûrement fier de qui tu es, ne crois-tu pas?

Dieu m’aime tel que je suis, je n’en doute pas. Le chemin qu’il avait imaginé pour moi cependant, celui sur lequel il m’a appelé dès le sein de ma mère, n’a pas été pleinement fréquenté. Je n’ai pas su Lui faire confiance et être pleinement celui que je dois être. Mais je suis sur le chemin, je n’ai pas abandonné la route, bien au contraire je n’y ai jamais autant été engagé.

Merci la VIE!

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