jeudi 14 avril 2016

ENTRÉE CXX (121) - A.M.M.



ENTRÉE CXXI (121)
13-04-2016
A.M.M.

A.M.M. Trois petites lettres qui forment un acronyme pour l’expression lourde de sens AIDE MÉDICALE À MOURIR. Aux nouvelles ce soir on en parlait avec deux témoignages  de patients qui ont demandé à mourir. Évidemment cela m’a relancé dans ma réflexion sur cette question. Aurai-je le « courage » de demander cet aide médicale à mourir si je devenais admissible? COURAGE? LÂCHETÉ? Des opinions contraires s’expriment de tout bord tout côté et parfois on oublie que pour les gens souffrant et mourant c’est une question qui fait fi de considérations philosophiques ou théologiques. C’est une question de mettre fin à une vie de souffrance sans fin, sans répit et sans dignité. DIGNITÉ? Un autre concept issu de la bioéthique :

La notion de dignité humaine possède des dimensions multiples, philosophiques, religieuses, et juridiques. Utilisée en particulier dans le champ de la bioéthique, elle fait référence à une qualité qui serait liée à l’essence même de tout être humain ce qui expliquerait qu’elle soit la même pour tous et qu’elle n’admette pas de degré. Selon le philosophe Paul Ricœur, cette notion renvoie à l’idée que « quelque chose est dû à l'être humain du fait qu'il est humain »1.

Prise en ce sens, cela signifie que toute personne mérite un respect inconditionnel, quels que soient l'âge, le sexe, la santé physique ou mentale, la religion, la condition sociale ou l'origine ethnique de l'individu en question. L'équivocité de la notion de dignité conduit toutefois à d'importants débats philosophiques et juridiques2 concernant sa valeur opératoire en tant que concept heuristique ou juridique.

Entéka… A.M.M. trois petites lettres, mais qui posent beaucoup de questions. Qui suscitent beaucoup d’émotions. Cette question fait appel à nos échelles de valeurs, à notre sens de l’humanisme, à nos croyances philosophies, spirituelles et religieuses. Il m’est arrivé  d’aborder ces questions avec mes patients. Mon rôle à ce moment était surtout d’écouter et d’aider à faire nommer les préoccupations du patient face aux éléments que je viens d’identifier. Mais quand je deviens le SUJET de la discussion, quand je dois identifier les valeurs en jeux pour moi, c’est autre chose. Si j’étais face à ce choix que ferais-je? Philosophiquement je suis assez à l’aise avec l’idée de permettre aux patients de choisir. Mais théologiquement, spirituellement et religieusement , pour moi c’est une autre chose. C’est plus complexe et difficile à placer les balises d’une telle décision. Quand j’écoute les médias adresser cette question comme une banalité, je pense aux personnes que j’ai accompagné qui demandaient l’euthanasie, qui voulaient mettre fin à leur souffrance. C’est la façon qu’on en parle comme étant une évidence même qui me trouble parfois, facile à discerner alors que c’est tout le contraire. Aussi on présente souvent l'A.M.M. comme une solution aux manques d'accompagnement adéquat, alors que les soins palliatifs font un excellent travail d'accompagner et de soulager la douleur. En contrepartie, les soins palliatifs s'opposent à l'A,M,M. en disant qu'ils ont la panacée des soins compatissants. Comme si être aux soins palliatifs éliminent le désir de vouloir mourir dignement. Car ce terme dignement veux dire bien des choses différentes. Non, mon expérience contredit cela. J'ai travaillé sur plusieurs unités de soins, mais c'est aux soins palliatifs que j'ai eu le plus souvent cette demande.

Autrement, j’ai eu une bonne journée aujourd’hui malgré une nuit blanche (décadron oblige). J’ai fait des muffins aux carottes tôt ce matin et mon frère Ron est venu passer l’après-midi avec moi. Nous avons passé près de quatre heures à placoter. Belle rencontre! J’ai dormi 3 heures après son départ. Et là évidemment il est 23:35 et je ne m’endors pas. Donc j’écris.

Merci la VIE!

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