ENTRÉE XLVII
(47)
02-01-2016
Papillons et libellules!
« J’ai
acheté un vitrail … un papillon. » me dit une amie. Il n’en fallu pas plus pour que je
porte ma réflexion sur la merveille de transformation de la chenille qui
devient un superbe papillon après s’être renfermée, quasi momifiée, dans son
cocon. Elle semble mourir à elle-même et pourtant revient à la vie plus belle
que jamais. Différente, tout autre, sans se perdre totalement.
Cette image
rejoint mes pensées de ces jours ci. Une nouvelle douleur me questionne aujourd'hui. Est-ce
que ARNOLD prend le dessus? Une nouvelle métastase ou une ancienne qui choisit de grandir, d'envahir. Il n’y a qu’un pas à faire pour me projeter, malgré
moi, dans l’avenir. Le cancer avance, peut être vais-je mourir plus vite que je
ne le pense? Aujourd’hui plus de tristesse, plus d'émotions. Ma fatigue intense des derniers jours et ma voix éteinte
me rappelle tellement mes patients en fin de vie. Je les revois, je ME
vois à leur place. C’est plus fort que moi. Je n’ai pas de contrôle sur l’apparition
de ces pensées. Elles arrivent comme cela sans préavis. Le seul "contrôle" que je
peux avoir c’est combien de temps vais-je rester prisonnier de ces
pensées. Le choix m'appartient, ou est-ce une illusion, de ne pas déprimer, ne pas me laisser abattre par
ces pensées. Elles sont là. Elles mobilisent mes émotions, mes énergies, mes
pensées. Ce n’est pas tout mauvais, elles me forcent à une certaine réflexion,
une certaine prise en compte de cette réalité de temporalité. Une certaine préparation, j'hais le mot!
Aujourd’hui
nous avons pleuré plusieurs fois. Un rien nous effleure et nous ramène à la
réalité du temps qui passe, du temps qui reste, de la vie qui est si fragile, de l'amour qui nous entoure.
Cette fois-ci ma fatigue et ma voix furent pour moi un déclencheur d’images
connus, images de souffrance, de finalité, de fin de vie; un souvenir de ma mère a suscité des larmes et je prends conscience qu'elle commence à me manquer; voir Nycole s’émerveiller
comme une enfant devant un coussin de Noël dans un magasin, voir son sourire, ses yeux brillants, sa joie; un geste posé par notre
fils Matthieu qu’il nous raconte par texto : « Un petit mot pour te dire que je t’ai allumé un lampion dans l’église
de Fred Pellerin à St-Élie de Caxton. Une très petite église, dans un si petit
village couvert de neige et de magie. Je me suis dit qu’on en prendrait bien de
la magie, alors voilà, une flamme danse là-bas en ton honneur. » C'est aussi cela le moment présent.
Je reviens au papillon qui est un symbole de transformation présent dans mon cheminement spirituel depuis longtemps. Enfin, depuis Jocelyn un jeune homme atteint du SIDA que j’ai accompagné jusqu’à la mort. Il m’a vraiment initié au papillon et sa transformation mort\vie. Depuis, chaque fois que je vois un papillon, je pense à cette transformation extraordinaire. Il ne faut qu’une petite projection pour y voir la résurrection. Mon espérance et ma confiance. Ma vie, dans la mort, sera transformée. Le père Ducharme disait que c’est dans la mort que l’humain atteint son plein potentiel. Un mystère ? Mais oui.
J’ai partagé avec
Nycole aujourd’hui que je voulais lui donner un bijou pour Noël …. Une libellule.
Car la libellule, larve aquatique, doit
quitter son plan d’eau pour éclore dans un nouveau monde, le monde terrestre.
Quand elles quittent leurs eaux, ni elles ni les autres libellules, ne savent ce
qu’il adviendra d’elles. Elles semblent disparaître tout simplement. Mais pourtant
elles renaissent,ou elles progressent, et deviennent de merveilleuses libellules libres comme l’air
et magnifiques. Ce bijou, que je n’ai pas acheté, j'ai plutôt fait un autre
choix, se voulait une façon de rassurer
Nycole! Ou peut-être moi-même.
İ
Papillons et
libellules, deux beaux mystères de transformation vers une nouvelle vie, qui exige
de quitter celle connue. L’inconnu n’est pas nécessairement un mauvais présage.
Avoir foi que la vie qui se termine ouvre sur une nouvelle dimension inconnue,
mais possiblement meilleure, aide beaucoup à faire la paix avec la fin de vie.
Je sais que
je reviens sur ce thème, un peu déprimant et délicat, de temps en temps depuis le début du blog. Mais comme je
le disais tantôt je n’y peux rien. C’est inévitable. Ces pensées viennent, me
surprennent et me font faire un bout de
chemin. Quand je me sens moche, même si je "sais" que c’est le résultat de
CHIMIVIE qui fait bataille contre ARNOLD, et que c’est donc bon signe, je ne
peux m’empêcher de me demander est-ce que j’empire?
Oui la tristesse était en toile de fond de notre vie aujourd'hui, mais elle n'est pas toute notre vie. Elle est plus présente depuis ARNOLD, mais elle n'est pas toute notre vie! Elle vient, spontanément, et parfois repart tout aussi spontanément. Parfois, cependant, il faut y travailler un peu. Écrire aide à cela.
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