dimanche 3 janvier 2016

ENTRÉE XLVII (47) - Papillons et libellules!



ENTRÉE XLVII (47)

02-01-2016

Papillons et libellules!

« J’ai acheté un vitrail … un papillon. » me dit une amie. Il n’en fallu pas plus pour que je porte ma réflexion sur la merveille de transformation de la chenille qui devient un superbe papillon après s’être renfermée, quasi momifiée, dans son cocon. Elle semble mourir à elle-même et pourtant revient à la vie plus belle que jamais. Différente, tout autre, sans se perdre totalement.

Cette image rejoint mes pensées de ces jours ci. Une nouvelle douleur me questionne aujourd'hui. Est-ce que ARNOLD prend le dessus? Une nouvelle métastase ou une ancienne qui choisit de grandir, d'envahir. Il n’y a qu’un pas à faire pour me projeter, malgré moi, dans l’avenir. Le cancer avance, peut être vais-je mourir plus vite que je ne le pense? Aujourd’hui plus de tristesse, plus d'émotions. Ma fatigue intense des derniers jours et ma voix éteinte me rappelle tellement mes patients en fin de vie. Je les revois, je ME vois à leur place. C’est plus fort que moi. Je n’ai pas de contrôle sur l’apparition de ces pensées. Elles arrivent comme cela sans préavis. Le seul "contrôle" que je peux avoir c’est combien de temps vais-je rester prisonnier de ces pensées. Le choix m'appartient, ou est-ce une illusion, de ne pas déprimer, ne pas me laisser abattre par ces pensées. Elles sont là. Elles mobilisent mes émotions, mes énergies, mes pensées. Ce n’est pas tout mauvais, elles me forcent à une certaine réflexion, une certaine prise en compte de cette réalité de temporalité. Une certaine préparation, j'hais le mot!

Aujourd’hui nous avons pleuré plusieurs fois. Un rien nous effleure et nous ramène à la réalité du temps qui passe, du temps qui reste, de la vie qui est si fragile, de l'amour qui nous entoure. Cette fois-ci ma fatigue et ma voix furent pour moi un déclencheur d’images connus, images de souffrance, de finalité, de fin de vie; un souvenir de ma mère a suscité des larmes et je prends conscience qu'elle commence à me manquer; voir Nycole s’émerveiller comme une enfant devant un coussin de Noël dans un magasin, voir son sourire, ses yeux brillants, sa joie; un geste posé par notre fils Matthieu qu’il nous raconte par texto : « Un petit mot pour te dire que je t’ai allumé un lampion dans l’église de Fred Pellerin à St-Élie de Caxton. Une très petite église, dans un si petit village couvert de neige et de magie. Je me suis dit qu’on en prendrait bien de la magie, alors voilà, une flamme danse là-bas en ton honneur. »     C'est aussi cela le moment présent.

Je reviens au papillon qui est un symbole de transformation présent dans mon cheminement spirituel depuis longtemps. Enfin, depuis Jocelyn un jeune homme atteint du SIDA que j’ai accompagné jusqu’à la mort. Il m’a vraiment initié au papillon et sa transformation  mort\vie. Depuis, chaque fois que je vois un papillon, je pense à cette transformation extraordinaire. Il ne faut qu’une petite projection pour y voir la résurrection. Mon espérance et ma confiance. Ma vie, dans la mort,  sera transformée. Le père Ducharme disait que c’est dans la mort que l’humain atteint son  plein potentiel. Un mystère ?  Mais oui.

J’ai partagé avec Nycole aujourd’hui que je voulais lui donner un bijou pour Noël …. Une libellule. Car la libellule, larve aquatique,  doit quitter son plan d’eau pour éclore dans un nouveau monde, le monde terrestre. Quand elles quittent leurs eaux, ni elles ni les autres libellules, ne savent ce qu’il adviendra d’elles. Elles semblent disparaître tout simplement. Mais pourtant elles renaissent,ou elles progressent,  et deviennent de merveilleuses libellules libres comme l’air et magnifiques. Ce bijou, que je n’ai pas acheté, j'ai plutôt fait un autre choix, se voulait une façon de  rassurer Nycole! Ou peut-être moi-même.
İ
Papillons et libellules, deux beaux mystères de transformation vers une nouvelle vie, qui exige de quitter celle connue. L’inconnu n’est pas nécessairement un mauvais présage. Avoir foi que la vie qui se termine ouvre sur une nouvelle dimension inconnue, mais possiblement meilleure, aide beaucoup à faire la paix avec la fin de vie.

Je sais que je reviens sur ce thème, un peu déprimant et délicat,  de temps en temps depuis le début du blog. Mais comme je le disais tantôt je n’y peux rien. C’est inévitable. Ces pensées viennent, me surprennent  et me font faire un bout de chemin. Quand je me sens moche, même si je "sais" que c’est le résultat de CHIMIVIE qui fait bataille contre ARNOLD, et que c’est donc bon signe, je ne peux m’empêcher de me demander est-ce que j’empire?

Oui la tristesse était  en toile de fond de notre vie aujourd'hui, mais elle n'est pas toute notre vie. Elle est plus présente depuis ARNOLD, mais elle n'est pas toute notre vie! Elle vient, spontanément, et parfois repart tout aussi spontanément. Parfois, cependant, il faut y travailler un peu. Écrire aide à cela.


 

Aucun commentaire:

Publier un commentaire