ENTRÉE LIII (53)
10-01-2016
Prêt pas prêt ….
Lundi matin je passe mes prises de sang préparatoires
à mon traitement de chimio de mardi. Ces tests éclairent l’équipe d’oncologie à
savoir si je suis assez fort pour recevoir un autre traitement. Je suis certain que j’ai récupéré suffisamment
pour recevoir mon quatrième traitement. Je le sens dans mon corps. Je me sens
plein d’énergies aujourd’hui. Je peux
dire que c’est ma meilleure journée depuis mon dernier traitement. Donc je ne
suis pas inquiet que mon traitement soit remis.
Physiquement je suis prêt. Psychologiquement c’est
peut être autre chose. Je commence à mieux comprendre ce que mes patients d’oncologie
me racontaient. Ils me disaient se sentir ambivalent devant un traitement qui arrive
parce qu’ils voyaient venir la « descente aux enfers », « Je
commence à bien me sentir pis là ça va recommencer à mal aller. »
Moi, quand j’entendais cela je me disais, mais le
traitement est essentiel pour ta survie donc une chance que tu en reçois un
autre. Mais aujourd’hui je comprends mieux ce qu’ils exprimaient. Moi aussi je me
disais aujourd’hui que c’était le fun de me sentir aussi bien et d’être capable
de participer un peu plus à la vie familiale.
J’ai de l’énergie, je me sens plein de vie, j’ai du plaisir à donner un coup
de main. Je me sens vivant.
Mais mardi en recevant mon traitement je sais que
tout cela changera et que je redeviendrai le vieux Marc, ayant peine à marcher
en ligne droite, sans énergie, sans flamme dans les yeux. Je sais que j’aurai
plus de douleurs, qu’il me faudra subir les neuropathies encore plus fortes, que
je devrai endurer la bouche en feu et que j’aurai l’impression d’être une loque humaine. Loque dangereuse car tous les liquides biologiques sont contaminés. Bon j’en
mets peut-être un peu, mais juste un peu.
Alors oui, il est vrai que je veux que le
traitement soit autorisé, mais des fois j’aimerais qu’il y ait plus de temps
entre les traitements pour pouvoir profiter plus des bons moments. Moments que
je prenais pour acquis avant. Maintenant je les savoure tellement, que je dois
me retenir et prendre conscience que même si je me sens bien, je n’ai pas d’énergie
à revendre. Il faut que je jauge mon niveau d’énergie à partir de mon corps et non
mon désir. J’ai beau vouloir, mais si je dépense toute mes énergies, c’est moi qui
paie le prix ensuite. Je dois me garder une certaine réserve pour qu’après mon traitement
de mardi je puisse encore fonctionner. Parfois je me sens comme le cheval aux
courses que l’on retient à la barrière pour ne pas qu’il parte trop vite.
L’autorisation du traitement vient confirmer que
mon corps se remet bien des traitements. Que même si la première semaine après
le traitement j’ai l’impression d’être une entité négligeable, mon corps
reprend du poil de la bête et est prêt à faire bataille. Franchement que
demander de plus!
Aucun commentaire:
Publier un commentaire