ENTRÉE CIX (109)
31-03-2016
DÉCISONS, DÉCISIONS,DÉCISIONS!
Je retiens du documentaire LA MORT M’A DIT, cette
phrase qui m’a particulièrement réconcilié avec ma décision de ne pas me faire
opérer tout de suite : « Il faut écouter son corps, moi mon corps il
disait non à la chimio. » Pour moi cela rejoint en plein ce que mon corps
me disait par rapport à l’opération. Tout mon corps disait non. Le doc ne
disait rien pour que mon corps change d’idée. Alors je crois avoir pris la
bonne décision. De toute façon, comme quelqu’un me l’a écrit : si tu as
pris la décision pour toi tu as pris la bonne décision. Mais ce n’est pas facile
de prendre la décision pour soi, il y a plusieurs facteurs extérieurs qui influencent
la prise de décision. Comme je l’ai déjà mentionné dans mon cas c’était que
vont penser mes enfants si je refuse? Je ne voulais tellement pas que ce soit vu
comme si je baissais les bras, que j’abandonnais. Ce n’est pas l’exemple que je
veux donner. Mais en même temps, comme me l’ont reflété les enfants, c’est moi
qui subit et non pas eux. Ils se disent, avec raison, mal placés pour juger.
Des fois on prend des décisions voulant épargner
quelqu’un et finalement cette décision fait plus de peine que de bien. J’ai
voulu laisser la personne libre face à une décision que j’avais prise. Cette
décision a été perçue comme une exclusion de cette personne alors que cette
idée était bien loin de là pour moi. Mais je ne voulais pas imposer sur elle ma
décision de vivre quelque chose avec laquelle je savais d’avance qu’elle ne
serait pas à l’aise. Mais bon un concours de circonstance a fait qu’elle l’a
appris par le blog au lieu de par moi directement. J’ai oublié de lui dire. C’était
un oubli. Mais je vois bien qu’elle a eu de la peine et je le regrette et je
lui ai dit. Tout est entré dans l’ordre, mais tout de même les décisions
doivent être non seulement bien réfléchies, mais bien exécutées.
Une autre décision que nous devons prendre, que
ferons-nous avec mon désir de faire un long voyage dans plusieurs pays d’Europe
après mon douzième traitement de CHIMIVIE. Serais-je capable vraiment d’en
profiter? Serais-je assez fort? Comment
s’assurer d’une planification précise du voyage qui limite les déplacements à
pied, les déplacements trop à pique (ici je pense à ma sœur et mon beau-frère
qui ont dû faire face aux nombreuses pentes plus ou moins accidentées au COSTA
RICA), limiter le transport des valises, assurer la salubrité, éviter les maringouins et que dire des terroristes, etc….. Devrions-nous nous contenter de
louer un chalet pour l’été au bord d’un beau grand lac? Mais si je ne voyage
pas cette année, serais-je capable de le faire l’an prochain? Et honnêtement les chalets coïtent entre 1500$ et 2400$ par semaine durant l'été, un peu ridicule. Si on voyage où
va-t-on? Mon désir depuis l’adolescence c’est d’aller prier au mur des
lamentations en Israël (pas très sécuritaire) et d’aller au camp de concentration d’Auschwitz en
Pologne. Mais cela n’intéresse pas nécessairement Nycole et nos amis
co-voyageurs. Si je veux risquer moi d’aller en zone dangereuse à la limite cela
peut s’accepter étant donné mon pronostic, mais je
ne serais pas à l’aise d’y amener Nycole ou nos amis. Devrais-je aller en Israël seul ou mettre de côté ce rêve? Aieee que de décisions!
Une autre
sujet, moins heureux celui-là, mais qui exige des décisions de notre part, de
ma part. Il serait bon de faire mes pré-arrangements funéraires pendant que tout
est calme et qu’on a la tête froide (avant que je sois froid … hihi). Cela fait
plusieurs fois que nous nous en parlons, mais nous n’avançons pas ce dossier
difficile. Encore-là, il me reste quelques décisions à prendre. Tombe ou urne?
Enterré ou mausolée? Terrain au cimetière avec mes parents ou terrains pour ma
petite famille? Ensuite les funérailles, vous comprendrez que je ne veux pas n’importe
quoi, fait n’importe comment. Donc il faudra que je décide ce que je veux comme
funérailles : les chants, les textes, les symboliques (surtout les
symboliques), le déroulement, etc…. Comment donner sens
à ma mort pour que mes enfants ne soient pas perdus ou découragés?
Finalement
une autre décision, mais elle est prise je crois, je sens une grande interpellation
d’écrire un livre sur mon expérience de près de vingt ans avec mes patients aux
soins palliatifs. J’y pense depuis plusieurs années alors je crois que je vais
le commencer. Une discussion avec mon chum Siméon a fait renaître toute l'excitation de raconter et m'a beaucoup stimulé. Après tout je me cherche quelque chose à faire de mon temps.
Questions
de réflexions : Pourquoi est-il si difficile pour toi de prendre des
décisions? Si tu écris ce livre tu l’écris pour qui et pourquoi?
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