ENTRÉE CXLVII (147)
16-05-2016
PINCETTES!
Laisse faire
la princesse! J’aimerais bien te voir dans ma situation. Mais en effet, à
prendre avec des pincettes. Pauvre Nycole, elle endure tout cela sans trop se
choquer. Je suis d’humeur massacrante. Ce matin je beuglais comme un bœuf pris
dans un barbelé. (D’où me vient cette image pour l’amour?).
Et pourquoi ce beuglage?
Boff ai-je
besoin d’une raison? Ce matin c’était le fait qu’on vient installer un plancher
au salon demain. Je ne veux rien savoir de cela. Je ne veux même pas être là.
Donc je verbalisais mon insatisfaction. Évidemment, je n’écoutais pas les réassurances de Nycole que je n’aurais rien à m’occuper, que Mélissa sera là
pour superviser les travaux. « J’en ai assez à gérer, je n’ai pas besoin
de cela en plus. » Ouf je n’ai pas été gentil, ni zen, ni patient, ni rien….
J’étais pris dans le barbelé.
D’où vient toute cette
impatience?
Encore une
fois ai-je besoin d’une raison vraiment? Le fait que je ne suis pas bien depuis mon
dernier traitement. Je suis déçu et je ne vis pas bien généralement avec la
déception. Aussi de me voir imposer (j’ai participé quand même à la décision)
des travaux encore dans la maison dans mon état c’est ridicule et surtout
stressant pour moi. De plus on est allé voir un chalet à St-Adolphe d’Howard,
il était parfait à l’intérieur. L’extérieur présentait un défi, la descente
pour se rendre à l’eau (une pente douce avait dit le proprio). J’ai voulu l’essayer
et en effet la remontée me fut difficile. J’ai eu besoin d’un peu d’aide et
rendu en haut j’étais très essoufflé. Pour tenter de cacher cela, sans m’en
rendre compte, en arrivant au patio j’ai pris la petite Lizzy dans mes bras. Mais
je ne pouvais pas vraiment m’en occuper trop essoufflé et trop fatigué de ma
remontée. Je me suis senti humilié d’avoir eu besoin de ma fille pour arriver à remonter. Je me sens
coupable d’être celui qui rend quasi impossible de trouver un endroit pour
passer nos vacances en famille (je sais, ridicule). Les escaliers me causent vraiment des problèmes.
Je sais, je sais cela fait partie des défis du quotidien que je dois accepter
si je veux profiter de mon VIVRE. On a dû revenir plus tôt à la maison à cause d’une
grande fatigue et beaucoup de nausées.
Je te sens à fleur de peau?
Fleur de peau tu dis? Je
veux bien prendre le dessus, mais on dirait que ma patience est à bout en ce
moment. Donc je dois VIVRE cela et rendre ma Nycole folle. Haha… non ce n’est
pas drôle pour elle, je le sais. Bon, demain si tout va bien le plancher sera
fini. J’espère que je pourrai retrouver
ma zénitude sous peu. Surtout me défaire du barbelé, c’est ridicule et Nycole
ne mérite pas cela.
Qu’est-ce que cela te prendrait?
C’est une bonne
question. Je ne sais pas. Un jour à la fois. Après tout j’ai le cancer, alors à
quoi je m’attends? C’est vrai non? On dirait que voudrais me sentir 100%. Si c’était
le cas, le cancer ne serait pas un si grand drame. Ce que ça me prendrait est
impossible. Je dois me ressaisir et accepter ce qui est et que c’est aussi cela
mon quotidien de me sentir mal, impatient, stressé, dépassé. Ce que ça me prendrait?
Me sentir moins dépassé. La moindre décision un peu complexe me dépasse et
je sens immédiatement le stress qui monte. Oui je suis tanné de me sentir
dépassé, même par des choses les plus simples.
Et le positif aujourd’hui?
Non je n’en
vois pas vraiment! Sauf le fait que Nycole me parle encore et comprends. C’est
une sainte femme. Aussi mes amis m’hébergent demain si je le veux pour le temps
que les travaux auront lieu. Donc deux bonnes raisons de dire MERCI.
Merci la VIE!
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