ENTRÉE CXLII (142)
09-05-2016
ROUND 11
Oui c’est mon
onzième traitement et je me sens assez bien. Après tout, mon dixième traitement
sans l’oxaliplatin a été passablement bien enduré. Donc, je n’ai pas trop d’appréhension
vraiment. En fait, c’est bien plus le fait que le traitement étant moins
agressif, il a peut-être moins d’impact sur ARNOLD. Mais bon je fais confiance que
ce qui doit arriver arrivera et je n’ai pas de contrôle sur cela. Un jour à la
fois. En attendant, je profite du fait, qu’à part la fatigue qui me surprend
toujours, je peux profiter un peu plus de mes journées. Oui je me fatigue rapidement,
je dois dormir tous les après-midi et le
soir je n’entreprends rien d’exigeant car je suis trop fatigué, mais je n’ai
pas les gros « downs » causés par l’oxaliplatin. Et cela ça fait du
bien. Chaque traitement demeure anxiogène tel qu'en témoigne ma pression quand j'arrive. Elle est toujours plus haute que la normale.
Tu es allé pour tes prises de sang ce matin, tu t’es senti utile?
Oui et
heureusement je n’ai pas à attendre trop longtemps quand j’y vais. Un petit
plus pour les patients de chimiothérapie. Et oui, je me suis senti utile auprès
de l’infirmière qui m’était assignée. Elle semblait mal en point et il n’était
que 7h10 le matin alors je me suis permis de tenter un dialogue aidant. « Bonne
journée aujourd’hui? » Elle aurait pu simplement dire oui, mais elle a été
authentique et a répondu qu’elle avait vu mieux. Et de là, la table était mise.
Notre brève conversation nous a permis de faire un pas vers un possible,
meilleur que celui qui était exprimé par l’infirmière. Nous avons convenus qu’il
était mieux de prendre la vie un jour à la fois et qu’éventuellement le tout s’arrangera.
Des sourires de part et d’autre au moment de se quitter. Ce fut bref mais un
bon moment de réconciliation avec la vie. Que demander de plus?
Comment cela est-il arrivé?
Voyons, je
suis un très bon accompagnateur quand je m’y mets! Hahaha. C’est arrivé parce
que l’infirmière a été honnête et transparente. Elle a accepté la main que je
lui ai tendue. Quand les relations sont établies sur des bases authentiques
elles sont vivifiantes. La transparence de l’infirmière a permis que je puisse
l’aider. Si elle n’avait rien dit, on aurait eu une conversation banale,
superficielle quoi que socialement
acceptable. Elle n’aurait pas eu l’impact sur l’infirmière que notre
conversation a eu.
Tu n’as jamais vraiment aimé les
conversations sociales?
Ce n’est pas
que je ne les aime pas, ça en prend. J’ai mis bien des années à comprendre
cela. Mais je ne suis pas des plus à l’aise avec ces conversations. Je préfère des conversations vivifiantes, qui
révèlent le cœur des personnes, qui annoncent leur charisme et leur mission, ou
leur blessure et leurs besoins. J’étais comme cela adolescent alors faut croire
que cela fait partie de mon ADN. Je me suis souvent fait dire que j’étais
intense, cela en est sûrement la cause. Ce n’est pas tout le monde qui est à l’aise
avec ce type de relation authentique. Cela aussi j’ai mis du temps à l’apprendre.
C’est du temps perdu?
Pas perdu.
Chaque personne a à choisir comment elle veut passer le temps. Moi j’ai
toujours préféré les liens plus intimes. Mais chaque relation a sa valeur (sauf
les relations toxiques). Depuis qu’ARNOLD est dans ma vie je suis encore plus porté
à vouloir des relations plus profondes. Poser des questions signifiantes et
déterminantes. Je dois faire attention pour ne pas imposer mon agenda sur la
vie des autres. Mais quand je vis des moments, même bref, où le cœur de l’autre
et le mien sont touchés, je suis comblé.
Merci la VIE!
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