samedi 6 février 2016

ENTRÉE LXXII (72) - RÉFLEXIONS !



ENTRÉE LXXII (72)
05-02-2016
RÉFLEXIONS !

Aujourd’hui,  ma meilleure journée des deux dernières semaines. Pas de douleur, énergie à un bon niveau, bon moral (ca va ensemble). Donc j’ai bien profité du moment présent aujourd’hui. Une visite en avant midi, en après-midi je suis allé prendre une marche ma première depuis un bon moment. J’ai pu admirer le ciel bleu et le soleil ardent. Les reflets du soleil transformaient le paysage glacé en diamants étincelants. Bref dodo d’après-midi en attendant Nycole. Beaux moments ensemble, souper au resto, soirée télé sans m’endormir. Bref une belle journée.

Quelques rencontres des derniers jours suscitent certaines réflexions que je vous partage.

L’infirmière qui m’a passé mon scan me dit en apprenant que j’ai le cancer. « Ah bien je peux mourir en sortant de l’hôpital frappé par une voiture. Tout le monde va mourir un jour, c’est la seule justice! » J’avais le goût de lui crier que moi je SAIS que je vais mourir à brève échéance. Après réflexion, j’aimerais lui demander comment elle se sentirait si on lui disait que d’ici 30 jours elle allait mourir d’un accident d’auto, sans savoir exactement quand. Serait-elle aussi empressée de minimiser cette réalité. Il est difficile pour certaines personnes d’accepter le drame humain, il faut le rationaliser, le minimiser, presque le banaliser. Quand elle m’a fait sa réponse je me suis senti momentanément ridicule de m’en faire, d’avoir même donné l’information. J’aurais dû garder cela pour moi. Son attitude m’isolait.

Une autre discussion m’a fait réfléchir. J’ai toujours dit que je voulais voir venir la mort et non pas mourir subitement. Alors mon amie me demande : « Est-ce que tu dirais encore cela aujourd’hui. » Ma réponse spontanée a été, oui  absolument. Depuis, je poursuis ma réflexion et je demeure convaincu que je préfère voir venir la mort pour pouvoir me préparer et préparer les miens. Surtout préparer les miens. Je ne voudrais pas que mes enfants et petits enfants soient surpris par ma mort. Je veux qu’ils me voient malade afin que la mort « fasse sens » et que le deuil puisse s’enclencher sainement.  Évidemment une mort subite éviterait toutes les angoisses, tous les questionnements, toutes les appréhensions que je vis depuis qu’ARNOLD est dans ma vie. Mais je demeure convaincu que de voir venir, de s’éteindre tranquillement entouré des siens, bien soigné est encore la meilleure mort. Celle qui ouvre le chemin au deuil assumé et guérisseur.

La visite d’aujourd’hui me ramène à une des convictions et une de mes contradictions les plus
gaussantes pour moi. Je crois fermement que la relation, la rencontre de deux personnes est un des lieux de révélation de la présence de Dieu. Je suis certain que l’autre me révèle quelque chose du tout Autre. Pour nous les chrétiens, la relation définit notre Dieu, Père-Files-Esprit. La relation est  si importante pour Dieu qu’il a voulu se faire proche de nous. Et pourtant, malgré que ce soit  ma conviction, j’ai une tendance plutôt à l’isolement. Je suis un solitaire qui reste dans sa grotte. Accueillant des personnes qui y viennent, mais prenant rarement l’initiative de la rencontre. Cela m’attriste et me questionne. D’ailleurs toute l’attention et l’affection qui me sont partagées depuis l’arrivée d’ARNOLD est difficile pour moi à accueillir. Je le reconnais et en ai parlé dans ce blog à quelques reprises. Cependant j’apprends à accueillir et accepté l’amour qui m’entoure et y voir la vraie Présence divine.  J’ai de la difficulté à prendre l’initiative de la rencontre, mais je vois que de plus en plus je demeure ouvert aux rencontres qui me sont proposées et j’y cherche la Présence de Dieu. Cependant pourquoi est-ce si difficile pour moi d’en prendre l’initiative?

Vivre pleinement! Cette expression m’interpelle à la rencontre, aux rencontres. M’interpelle à sortir de ma grotte, ma grotte extérieure et ma grotte intérieure. Au lieu d’attendre que Dieu vienne à moi par la personne qui me visite, je peux prendre l’initiative de la rencontre et aussi porter Dieu à l’autre. Après tout, c’est ce que j’ai adoré de mon travail comme intervenant en soins spirituels. Le père Ducharme disait de moi que j’étais un contemplatif dans l’action, car pour moi chaque rencontre avec un patient était eucharistie.

Bon bon il est minuit trente et ça commence à paraître dans mon écrit. J’espère ne pas vous avoir perdu en chemin. C’est drôle, car j’en aurais encore beaucoup à dire ce soir, mais je m’arrête ici,

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