ENTRÉE LXXII (72)
05-02-2016
RÉFLEXIONS !
Aujourd’hui,
ma meilleure journée des deux dernières semaines. Pas de douleur,
énergie à un bon niveau, bon moral (ca va ensemble). Donc j’ai bien profité du
moment présent aujourd’hui. Une visite en avant midi, en après-midi je suis
allé prendre une marche ma première depuis un bon moment. J’ai pu admirer le
ciel bleu et le soleil ardent. Les reflets du soleil transformaient le paysage
glacé en diamants étincelants. Bref dodo d’après-midi en attendant Nycole. Beaux
moments ensemble, souper au resto, soirée télé sans m’endormir. Bref une belle
journée.
Quelques rencontres des derniers jours suscitent
certaines réflexions que je vous partage.
L’infirmière qui m’a passé mon scan me dit en
apprenant que j’ai le cancer. « Ah bien je peux mourir en sortant de
l’hôpital frappé par une voiture. Tout le monde va mourir un jour, c’est la
seule justice! » J’avais le goût de lui crier que moi je SAIS que je vais
mourir à brève échéance. Après réflexion, j’aimerais lui demander comment elle se
sentirait si on lui disait que d’ici 30 jours elle allait mourir d’un accident
d’auto, sans savoir exactement quand. Serait-elle aussi empressée de minimiser
cette réalité. Il est difficile pour certaines personnes d’accepter le drame
humain, il faut le rationaliser, le minimiser, presque le banaliser. Quand elle
m’a fait sa réponse je me suis senti momentanément ridicule de m’en faire, d’avoir
même donné l’information. J’aurais dû garder cela pour moi. Son attitude m’isolait.
Une autre discussion m’a fait réfléchir. J’ai
toujours dit que je voulais voir venir la mort et non pas mourir subitement.
Alors mon amie me demande : « Est-ce que tu dirais encore cela
aujourd’hui. » Ma réponse spontanée a été, oui absolument. Depuis, je poursuis ma réflexion
et je demeure convaincu que je préfère voir venir la mort pour pouvoir me
préparer et préparer les miens. Surtout préparer les miens. Je ne voudrais pas
que mes enfants et petits enfants soient surpris par ma mort. Je veux qu’ils me
voient malade afin que la mort « fasse sens » et que le deuil puisse
s’enclencher sainement. Évidemment une
mort subite éviterait toutes les angoisses, tous les questionnements, toutes
les appréhensions que je vis depuis qu’ARNOLD est dans ma vie. Mais je demeure
convaincu que de voir venir, de s’éteindre tranquillement entouré des siens,
bien soigné est encore la meilleure mort. Celle qui ouvre le chemin au deuil
assumé et guérisseur.
La visite d’aujourd’hui me ramène à une des
convictions et une de mes contradictions les plus
gaussantes pour moi. Je crois
fermement que la relation, la rencontre de deux personnes est un des lieux de révélation
de la présence de Dieu. Je suis certain que l’autre me révèle quelque chose du
tout Autre. Pour nous les chrétiens, la relation définit notre Dieu,
Père-Files-Esprit. La relation est si
importante pour Dieu qu’il a voulu se faire proche de nous. Et
pourtant, malgré que ce soit ma conviction, j’ai une tendance plutôt à l’isolement.
Je suis un solitaire qui reste dans sa grotte. Accueillant des personnes qui y
viennent, mais prenant rarement l’initiative de la rencontre. Cela m’attriste
et me questionne. D’ailleurs toute l’attention et l’affection qui me sont partagées
depuis l’arrivée d’ARNOLD est difficile pour moi à accueillir. Je le reconnais et
en ai parlé dans ce blog à quelques reprises. Cependant j’apprends à accueillir
et accepté l’amour qui m’entoure et y voir la vraie Présence divine. J’ai de la difficulté à prendre l’initiative
de la rencontre, mais je vois que de plus en plus je demeure ouvert aux
rencontres qui me sont proposées et j’y cherche la Présence de Dieu. Cependant
pourquoi est-ce si difficile pour moi d’en prendre l’initiative?
Vivre pleinement! Cette expression m’interpelle à
la rencontre, aux rencontres. M’interpelle à sortir de ma grotte, ma grotte
extérieure et ma grotte intérieure. Au lieu d’attendre que Dieu vienne à moi
par la personne qui me visite, je peux prendre l’initiative de la rencontre et
aussi porter Dieu à l’autre. Après tout, c’est ce que j’ai adoré de mon travail
comme intervenant en soins spirituels. Le père Ducharme disait de moi que j’étais
un contemplatif dans l’action, car pour moi chaque rencontre avec un patient était
eucharistie.
Bon bon il est minuit trente et ça commence à paraître
dans mon écrit. J’espère ne pas vous avoir perdu en chemin. C’est drôle, car j’en
aurais encore beaucoup à dire ce soir, mais je m’arrête ici,
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