lundi 22 février 2016

ENTRÉE LXXVIII (78) - MAMAN C’EST FINI (suite)



ENTRÉE LXXVIII (78)
22-01-2016
MAMAN C’EST FINI (suite)

Ce matin je retrouve mes oiseaux après avoir passé la nuit dans mon cher fauteuil. Incroyable mais vrai, pendant la semaine dans le sud j’ai manqué mon fauteuil dans lequel je passe tellement d’heures quand je ne file pas.

Cette semaine passée au paradis m’a apporté des moments de questionnements (sommes-nous  surpris?) que je tenterai de mettre sur papier.

D’abord sur l’acceptation de ses limites. À l’aéroport de Montréal j’ai utilisé un fauteuil roulant pour éviter de me fatiguer dans les dédales de ce labyrinthe. J’ai résisté au début, mais finalement  j’ai accepté.  À l’aéroport de Punta Cana au retour j’ai été pris en charge par un membre du personnel qui m’a non seulement poussé tout le long du trajet, mais qui a enlevé et remis mes souliers lors du passage à la sécurité. Dans ces deux occasions ce qui m’a le plus surpris et questionné c’est de voir que les émotions montent et les larmes surgissent dans ces moments. Oui encore! Malgré le chemin parcouru, malgré les nombreuses confrontations à mes limites, l’émotion est encore présente. Difficile d’accepter ses limites. Mais ce que je trouve encore plus difficile c’est de mettre les miens dans le rôle de devoir s’occuper de moi : par exemple pousser le fauteuil, porter mon sac, s’assurer que j’ai une place pour m’asseoir, me stabiliser quand les jambes lâchent par la fatigue,  s’assurer que moi je suis à l’ombre, etc…. Tous ces gestes d’amour, d’affection et de sollicitude sont non seulement nécessaires et importants, mais ils sont aussi bouleversants par moment.  Merci la VIE!

( Le cardinal (l’oiseau et non sa seigneurie) me visite à nouveau alors que j’écris. Il est magnifique. Et voilà que sa compagne arrive. Merci la VIE!)

En étant sur la plage, observant les gens qui profitaient de ce paradis, du soleil réconfortant, du vent caressant, de la mer superbe à regarder et agréable à danser avec et tout ce qui fait de ce lieu le paradis qu’il est, je me demandai si chaque personne savait la chance qu’elle avait d’être là. La gratitude est une valeur importante et guérissante pour l’être humain. Sommes-nous suffisamment reconnaissants pour tout ce que nous avons dans notre vie, au quotidien? Je crois que l’action de grâce (dire merci) est un signe de santé mentale et spirituelle. Il m’a fallu beaucoup de souffrances avant que je comprenne l’importance de l’action de grâce dans ma vie. Certains usagers de l’hôtel étaient handicapés, en fauteuil roulant, unijambiste, etc… et pourtant la VIE se continue et ils savent en profiter. Merci la VIE!

J’ai eu le temps de questionner (juste un peu) la suite de mes traitements.  Une journée où j’allais particulièrement bien, en marchant seul sur le bord de la mer je me disais combien, malgré mes limites, c’était agréable de me sentir bien. Je savais que dès que je recommencerais mes traitements ce sentiment disparaîtrait. Je me suis surpris à penser, quelques secondes seulement, à ne pas recommencer les traitements. Gratification immédiate, mais au détriment de ma santé, de mon avenir. Un côté de moi dit : ben non il faut suivre les traitements, un autre côté m’agace en disant : mais regarde combien tu es mieux quand tu n’as pas cette cochonnerie dans ton corps. Les articles anti chimio me revenaient dans la tête. Cela semble avoir duré longtemps, mais honnêtement le temps de quelques pas, une cinquantaine tout au plus. Un jonglage d’idées express. Conclusion : Évidemment je reprends mes traitements. Mais le temps d’une rêverie, je me voyais reprendre mon jogging au bord de la mer. Ce n’est que partie remise. Merci la VIE!

Je me suis surpris à regarder les dames âgées et penser à ma mère. Maman aurait adoré cet endroit. Comme je regrette de n’avoir jamais voyagé avec elle. On avait déjà parlé de faire une croisière ensemble. Elle disait ne pas avoir les moyens, mais clairement ce n’était pas vrai. Peut-être cela lui faisait-il peur. Peut-être ne voulait-elle pas voyager avec moi. Bon bon le vieux syndrome de l’abandonné revient toujours au galop. J’ai eu la chance d’avoir une belle relation avec ma mère. Pleins d’échanges entre nous, des conversations agréables sur les valeurs, la foi, Dieu, la religion, la politique, les fleurs et les oiseaux enfin plein de choses. Merci la VIE!

En conclusion, car il faut bien conclure, j’ai pris douloureusement conscience que mon rêve de vivre dans le sud à ma retraite est devenu impossible. Ceux qui me connaissent savent à quel point j’haguis l’hiver. Maintenant, ma santé me force à rester au pays. C’est totalement impossible à moins de gagner au LOTOMAX de quitter le Québec, alors que j’ai besoin de la RAMQ. Profiteur dites-vous? Ben oui j’avoue. Mon rêve n’était pas de finir ma vie au Québec. Il est vrai que les hivers deviennent de plus en plus difficiles pour moi, mais aussi la mer est un lieu où je me régénère et qui me porte encore plus à l’intériorité.  Évidemment, je parle de la mer du Sud, des Antilles, des Caraïbes, pas du fleuve St-Laurent. hihihi.


Bon je dois conclure. Demain matin sixième traitement. Tiens toé bien mon ARNOLD… comme dirait Diane Dufresne … J’ARRRIIIVVVEEEE!

Aucun commentaire:

Publier un commentaire