ENTRÉE LXXVIII (78)
22-01-2016
MAMAN C’EST FINI (suite)
Ce matin je retrouve mes oiseaux après avoir passé
la nuit dans mon cher fauteuil. Incroyable mais vrai, pendant la semaine dans
le sud j’ai manqué mon fauteuil dans lequel je passe tellement d’heures quand
je ne file pas.
Cette semaine passée au paradis m’a apporté des
moments de questionnements (sommes-nous surpris?) que je tenterai de mettre sur papier.
D’abord sur l’acceptation de ses limites. À l’aéroport
de Montréal j’ai utilisé un fauteuil roulant pour éviter de me fatiguer dans
les dédales de ce labyrinthe. J’ai résisté au début, mais finalement j’ai accepté. À l’aéroport de Punta Cana au retour j’ai été
pris en charge par un membre du personnel qui m’a non seulement poussé tout le long
du trajet, mais qui a enlevé et remis mes souliers lors du passage à la
sécurité. Dans ces deux occasions ce qui m’a le plus surpris et questionné c’est
de voir que les émotions montent et les larmes surgissent dans ces moments. Oui
encore! Malgré le chemin parcouru, malgré les nombreuses confrontations à mes limites,
l’émotion est encore présente. Difficile d’accepter ses limites. Mais ce que je
trouve encore plus difficile c’est de mettre les miens dans le rôle de devoir s’occuper
de moi : par exemple pousser le fauteuil, porter mon sac, s’assurer que j’ai
une place pour m’asseoir, me stabiliser quand les jambes lâchent par la fatigue,
s’assurer que moi je suis à l’ombre, etc…. Tous ces gestes d’amour,
d’affection et de sollicitude sont non seulement nécessaires et importants, mais
ils sont aussi bouleversants par moment. Merci la VIE!
( Le cardinal (l’oiseau et non sa seigneurie) me
visite à nouveau alors que j’écris. Il est magnifique. Et voilà que sa compagne arrive. Merci la VIE!)
En étant sur la plage, observant les gens qui
profitaient de ce paradis, du soleil réconfortant, du vent caressant, de la mer
superbe à regarder et agréable à danser avec et tout ce qui fait de ce lieu le
paradis qu’il est, je me demandai si chaque personne savait la chance qu’elle
avait d’être là. La gratitude est une valeur importante et guérissante pour l’être
humain. Sommes-nous suffisamment reconnaissants pour tout ce que nous avons
dans notre vie, au quotidien? Je crois que l’action de grâce (dire merci) est
un signe de santé mentale et spirituelle. Il m’a fallu beaucoup de souffrances
avant que je comprenne l’importance de l’action de grâce dans ma vie. Certains
usagers de l’hôtel étaient handicapés, en fauteuil roulant, unijambiste, etc…
et pourtant la VIE se continue et ils savent en profiter. Merci la VIE!
J’ai eu le temps de questionner (juste un peu) la
suite de mes traitements. Une journée où
j’allais particulièrement bien, en marchant seul sur le bord de la mer je me
disais combien, malgré mes limites, c’était agréable de me sentir bien. Je savais
que dès que je recommencerais mes traitements ce sentiment disparaîtrait. Je me
suis surpris à penser, quelques secondes seulement, à ne pas recommencer les
traitements. Gratification immédiate, mais au détriment de ma santé, de mon
avenir. Un côté de moi dit : ben non il faut suivre les traitements, un
autre côté m’agace en disant : mais regarde combien tu es mieux quand tu n’as
pas cette cochonnerie dans ton corps. Les articles anti chimio me revenaient
dans la tête. Cela semble avoir duré longtemps, mais honnêtement le temps de
quelques pas, une cinquantaine tout au plus. Un jonglage d’idées express.
Conclusion : Évidemment je reprends mes traitements. Mais le temps d’une
rêverie, je me voyais reprendre mon jogging au bord de la mer. Ce n’est que
partie remise. Merci la VIE!
Je me suis surpris à regarder les
dames âgées et penser à ma mère. Maman aurait adoré cet endroit. Comme je
regrette de n’avoir jamais voyagé avec elle. On avait déjà parlé de faire une
croisière ensemble. Elle disait ne pas avoir les moyens, mais clairement ce n’était
pas vrai. Peut-être cela lui faisait-il peur. Peut-être ne voulait-elle pas
voyager avec moi. Bon bon le vieux syndrome de l’abandonné revient toujours au
galop. J’ai eu la chance d’avoir une belle relation avec ma mère. Pleins d’échanges
entre nous, des conversations agréables sur les valeurs, la foi, Dieu, la
religion, la politique, les fleurs et les oiseaux enfin plein de choses. Merci
la VIE!
En conclusion, car il
faut bien conclure, j’ai pris douloureusement conscience que mon rêve de vivre dans
le sud à ma retraite est devenu impossible. Ceux qui me connaissent savent à
quel point j’haguis l’hiver. Maintenant, ma santé me force à rester au pays. C’est
totalement impossible à moins de gagner au LOTOMAX de quitter le Québec, alors
que j’ai besoin de la RAMQ. Profiteur dites-vous? Ben oui j’avoue. Mon rêve n’était
pas de finir ma vie au Québec. Il est vrai que les hivers deviennent de plus en
plus difficiles pour moi, mais aussi la mer est un lieu où je me régénère et
qui me porte encore plus à l’intériorité. Évidemment, je parle de la mer du Sud, des
Antilles, des Caraïbes, pas du fleuve St-Laurent. hihihi.
Bon je dois conclure.
Demain matin sixième traitement. Tiens toé bien mon ARNOLD… comme dirait Diane Dufresne
… J’ARRRIIIVVVEEEE!
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